lundi 29 février 2016

[Avis en vrac] Vus et revus #21

Seuls les Anges ont des ailes, d'Howard Hawks (1939)

EN VIDÉO


La Captive aux yeux clairs, d'Howard Hawks (1952)


Sans que ce soit pour autant réellement surprenant, La Captive aux yeux clairs n'est pas forcément la réelle aventure westernienne classique à laquelle on pourrait s'attendre vu le synopsis. Howard Hawks tisse, une fois n'est pas coutume, un réel film de personnages : ce sont bel et bien eux qui font tout son intérêt plutôt que le récit en lui-même. Finement caractérisés, ce sont véritablement leurs relations qui sont au centre des enjeux : celles entre cowboys, et, évidemment, celles avec la furtive captive qui donneront lieu à une résolution des plus plaisantes. A ce titre-là, comme je le remarque parfois dans le genre, il faut saluer un très beau titre français. Et puisque l'on parle de Français, il faut noter leur présence dans le film et leur intégration dans ce paysage culturel toujours fascinant. C'est peut-être l'occasion de rire quant à quelques accents, mais surtout de profiter de beaux et originaux protagonistes. Kirk Douglas, sans surprise, est formidable. A noter toutefois, vu mes conditions de visionnage, qu'une version restaurée ne serait, pour le coup, vraiment pas de refus.

Fiche Cinelounge


Shaun of the Dead, d'Edgar Wright (2004)

Revisionnage.

Aujourd'hui, il faut bien l'avouer, j'en viens à être résolument gavé par les films de zombies. Fort heureusement, la mode s'est quelque peu dissipée depuis quelques temps. L'exploit de Shaun of the Dead n'aura finalement jamais été renouvelé depuis, conjuguant à merveille, ce qui est désormais une habitude chez Wright, la comédie à du genre rondement traité. L'efficacité de l'écriture rencontre de nouveau celle de la mise en scène, en témoigne ce génial double plan-séquence de balade chez l'épicier du coin. Le film prend le temps de construire une réelle mise en place tout en s'affranchissant de temps morts, le tout boosté par des idées qui font toujours mouche et surtout un humour qui est capable d'alterner le gras et le plus subtil, ce qui est, encore, un joli héritage de l'ancienne bande à Terry Gilliam.

Fiche Cinelounge


La Grande vadrouille, de Gérard Oury (1966)

Revisionnage.

Je vois les deux du fond qui rigolent, là ! Oui, j'ai revu, avec plaisir même, La Grande vadrouille, et j'irai même plus loin : il faut le revoir pour mieux saisir quelque chose qui s'est évaporé de la comédie populaire : la maîtrise. Parce que oui, c'est un film assez maîtrisé en fin de compte. Dans son écriture, qui permet de ne pas laisser Louis de Funès ou son personnage dans un solo de roue libre ou qui encore se plaît à malmener son contexte historique. Mais c'est bien sa force, comme dans La Vie de château, sorti l'année auparavant, dont évidemment la production d'Oury s'est inspiré. C'est rentre-dedans, parfois gras, mais ça fait du bien. Mieux encore : l'écriture des gags n'est pas conditionnée par sa temporalité, ce qui ne rend pas le film si périssable que ça. Ajoutez à cela un Bourvil que l'on aimera toujours, une très jolie photographie en scope de Claude Renoir, une musique de Georges Auric et une réalisation finalement solide de Gérard Oury : c'est quarante fois plus que ce qui nous est habituellement proposé ces derniers temps. A méditer.



Opération Tonnerre, de Terence Young (1965)

Revisionnage.

Retour de Terrence Young à la barre de James Bond, qui ceci dit, avec Opération Tonnerre, essaye de reprendre plutôt la clé du succès selon Guy Hamilton : l'action. Le volet, à double vitesse, ne marche pas complètement. Le scénario a des bases intéressantes, mais c'est son développement qui pêche (c'est dans le thème !), d'une part à cause de personnages peu convaincants (dont principalement l'antagoniste, ce qui est tout de même malheureux) et d'autre part à cause du traitement de l'aventure que l'on a connu plus inspiré. Pourtant le personnage en lui-même s'étoffe, son entourage aussi, le Spectre évidemment. L'idée d'un épisode centré sur les océans a son charme et offre de nouvelles images, mais Terence Young n'est pas nécessairement le réalisateur qu'il faut et ses affrontement sous-marins sont terriblement mollassons, jusqu'à même un climax d'action qui n'est pas des plus convaincants. Heureusement, Maurice Binder y livre un des plus beaux génériques, boosté par le coffre inégalable de Tom Jones. 



Il était temps, de Richard Curtis (2013)

A sa sortie, je ne m'attendais pas à lire autant de bien de part et d'autre à propos du dernier film de Richard Curtis. Quelques temps après, je le rattrape enfin et comprend donc les raisons de ce succès qui n'est pas démérité : c'est un bien joli film. Ce qui n'aurait pu être qu'une vaine comédie sur fond de voyage temporel préfère finalement laisser son concept si vendeur en toile de fond, comme simple outil scénaristique, pour se concentrer avant tout sur de réels enjeux familiaux et sentimentaux. Évidemment, le film est drôle, mais il est émouvant, voire très émouvant, à plus d'une reprise. Un casting charmant campe les affectueux personnages, en particulier, et sans surprise, Rachel McAdams dont on sera, parce qu'on est faible, tombé encore cent fois amoureux. Une belle surprise dans ce genre si bâtard et ingrat qu'est devenu la "rom-com" de nos jours.

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Very Bad Cops, d'Adam McKay (2010)

Ça commence tout de suite très fort ! Adam McKay tranche avec le reste des comédies américaines moins ambitieuses et propose une orgie largement plus prenante avec son Very Bad Cops. Le colossal duo Mark Whalberg / Will Ferrell, dans une inspiration proche de la transe à certains moments, pourrait tenir à lui seul le film, mais il faut en plus qu'il soit entouré par un casting encore plus géant (Dwayne Johnson et Samuel L. Jackson dans l'introduction, Michael Keaton hilarant en chef de la police névrosé) qui donne cette sensation constante d'over the top. Le sens de l'humour est savamment pensé, chaque gag ou presque fonctionne non seulement grâce à son écriture mais aussi par la réalisation. Sans qu'elle soit formidable, ddam McKay a ceci dit un sens du rythme très précieux, en témoigne le gag à répétition des places de spectacle. Plus intéressant encore : loin d'être bête, et même si ça n'est recalé qu'en fond de l'intrigue : le contexte de malversations économiques, véritable porte ouverte, comme l'est le générique de fin, vers The Big Short. Un détail qui fait du bien.

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Du sang dans le désert, d'Antony Mann (1957)

J'ai une immense affection, pour ne pas dire adoration, pour les westerns sombres et nihilistes d'Antony Mann. L'intrigue du Sang dans le désert, voyant Henry Fonda devenir le mentor d'un jeune Anthony Perkins se la jouant caïd, offrait la perspective d'une histoire tout autant remplie de désillusions. C'est encore un de ces westerns aux très beaux personnages, si fragiles malgré l'image qu'ils essayent de refléter. La réalisation très sèche et très épurée de Mann va droit au but, magnifiée par une superbe photographie noir et blanc de Loyal Griggs, dont la gamme de sombres nuances sied magnifiquement au thème. Hélas, je regrette que le récit n'aille pas plus loin, dans un dénouement finalement bien plus simple que ce que le postulat laissait envisager, comme ce que l'on aurait retrouvé dans le magnifique La Cible humaine d'Henry King. Ceci dit, très certainement à voir pour quiconque aime la vision de l'Ouest selon le réalisateur.

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Les Voleurs de train, de Burt Kennedy (1973)

Un western qui ne va certes pas chercher bien loin, attribuant à John Wayne une figure de cow-boy unilatéral dans une chasse au trésor bien classique. Cependant, malgré un flagrant manque d'ambition, l'ensemble se suit sans déplaisir : la simplicité de la trame lui accorde toute son l'efficacité. C'est à l'image de la réalisation, peut-être pas bien inventive mais officiant somme toute correctement, sans que le film ne souffre de problèmes de baisse de rythme ou autre. Peut-être est-ce fort du talent de Burt Kennedy et de son héritage de la série B, lui-même autrefois scénariste chez Budd Boetticher. Les fusillades ne sont pas trop mauvaises et le concept de ce train échoué dans le désert donne à voir un décor agréable. Petit John Wayne, donc, remplissant un cahier des charges bien prévisible, mais dont l'accomplissement permet d'occuper tranquillement un dimanche après-midi pluvieux.

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Thelma & Louise, de Ridley Scott (1991)

Revisionnage.

Bien que Thelma & Louise fasse l'objet d'un culte auprès du grand public depuis sa sortie, il est paradoxalement souvent oublié, ou tout du moins en retrait, dans l'éclectique carrière de Ridley Scott. Paroxysme de son élan féministe, c'est un film encore aujourd'hui bien plus intelligent et subtil que bien d'autres abordant le même thème. Dans la superbe fuite de ces deux femmes à travers l'Amérique, imaginé par le très beau script de Callie Khourie, magnifié par le cadre scope du grand compositeur d'image, tous les genres se mêlent, du feel-good movie au road-movie, du western à la tragédie mélodramatique. L'épopée courageuse et jusqu'au-boutiste se conclut dans une fin qu'a sûrement encore en tête tout appréciateur du film, qui voit également le Hans Zimmer d'une époque révolue délivrer peut-être une de ses meilleures partitions.

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La Légende de Ron Burgundy - Présentateur Vedette, d'Adam McKay (2004)

Au fur et à mesure de mes visionnages, je discerne d'autant mieux l'adoration qu'il y a autour du génial Will Ferrell, figure décidément constamment hilarante de la comédie américaine. La Légende de Ron Burgundy permet autant à Ferrell qu'Adam McKay de mettre sur les rails leur excellente collaboration. Comme c'est encore les débuts, on sent que McKay se cherche à la réalisation, pas encore assuré de tout son style, pas encore aussi dynamique qu'il ne le sera plus tard, mais pouvant toujours compter sur une très solide écriture et, bien entendu, un casting tout aussi costaud, permettant des seconds rôles délicieux. L'équilibre dans la dimension vulgaire de l'humour est encore une fois très savant, sûrement plus que chez les homologues du réalisateur. Le film se fend même de disséquer la culture de l'information selon la société américaine contemporaine, retapée à l'acide par McKay. Direction la suite !

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L'Homme du boulevard des Capucines, d'Alla Surikova (1987)

Devant un tel titre couplé à la dimension d'un western soviétique, on est forcé d'être un minimum curieux. Sans être un film vraiment bon, étant même un film relativement médiocre en fin de compte, L'Homme du boulevard des Capucines n'est paradoxalement pas du tout inintéressant. En mêlant la vision la plus cliché du monde du western à un naïf mais joli hommage au cinéma, le film parvient malgré tout à se forger son originalité. Le problème demeure qu'il va difficilement plus loin que ce constat, restant sensiblement bloqué au stade de l'hommage, certes toujours bienvenu pour les cinéphiles et amateurs du genre, mais tournant un peu en rond dans un film peu habilement écrit, et surtout mal réalisé, souffrant d'une pénurie technique qui lui confère une bonne quinzaine d'années de retard dans la forme. A mi-chemin vers la comédie, certains gags marchent, d'autres non et deviennent alors bien lourds. C'est une curiosité à voir, mais ç'aurait pu être un film bien plus beau et plus profond dans sa réflexion sur le cinéma et son rapport à la mythologie du western.

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Péché Mortel, de John M. Stahl (1945)

Grandiose thriller sur fond de manipulation féminine, Péché Mortel (au somptueux titre original Leave Her to Heaven) est avec peu de doutes à classer parmi les influences du tout aussi génial Gone Girl de David Fincher. Il mélange habilement les codes du mélodrame dans les superbes et complexes relations entretenues par les personnages, dont la  belle Gene Tierney. Le film est d'ailleurs une sorte de fascination autour d'elle, autant l'actrice que le personnage, qui dicte la mise en scène et les somptueux jeux de lumière, aux teintes évolutives, de la saisissante photographie couleur de Leon Shamroy. En questionnant la valeur obsessionnelle des relations amoureuses (au centre des films d'Hollywood classique), l'écriture, franche et sans détour, fait évoluer les situations jusqu'à donner froid dans le dos, et créer cette ambiance malsaine et paranoïaque que reprendra partiellement, plus tard, le film de Fincher. A noter une très prenante partition d'Alfred Newman, toujours capable d'une infinie subtilité ou d'emphase en grande pompe. Bref, prenant à souhaits et donnant fermement envie de découvrir le reste de la filmographie de Stahl, même s'il faut croire que c'est là sa meilleure œuvre.

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Frangins malgré eux, d'Adam McKay (2008)

Un peu déçu. Frangins malgré eux a tous les éléments de la recette de l'excellence hilarante selon Adam McKay, mais quelque chose cloche en route et ce coup-ci, c'est plutôt dû au fond. Commençant pourtant très fort, le film eux se mue progressivement en feel-good movie de plus en plus convenu, voire même moralisateur sur sa fin. Quel dommage ! Car tous nos guignols s'en donnent à cœur joie, le duo fonctionnant merveilleusement bien et jouissant toujours du même talent de rythme dans l'humour du réalisateur. Pourquoi McKay devient-il subitement si ramolo dans le derniers tiers ? Grand mystère. Peut-être est-ce parce que le film touche à un sujet de société moins politique que d'autres, s'en tenant davantage à des débiles du quotidien. Malgré ses faiblesses, il conserve tout de même un certain capital sympathie inhérent au concept, aux acteurs et à bien des blagues qui font grassement rire.

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La Petite princesse, d'Alfonso Cuarón (1995)

Après avoir vu La Petite princesse, il est d'autant plus compréhensible qu'Alfonson Cuarón se soit retrouvé aux commandes d'un volet Harry Potter. Sans faire nécessairement intervenir le fantastique, il réunit les éléments-types du conte bon enfant, sur fond de crainte de l'orphelinat (thématique vraisemblablement assez chère aux yeux du cinéma mexicano-espagnol). Ceci dit, malgré une rigueur formelle qu'on ne peut retirer au film, il manque quelque chose, il manque d'un esprit, il manque sans doute d'émoi, et de plus grands enjeux mélodramatiques. Peut-être parce que le film est trop court, peut-être parce que son interprétation n'est pas des plus convaincantes. C'est un joli film, plein de bonnes idées, mais malheureusement un brin simpliste, à l'image d'un dénouement expédié à la vitesse de la lumière, laissant bien peu de place à la création naturelle de l'émotion.

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La Caravane de feu, de Burt Kennedy (1967)

Voilà un western avec un simple mais formidable concept : le braquage d'un convoi blindé, filant à toute vitesse à travers l'Ouest. Encore une fois, Burt Kennedy conserve des éléments simples mais efficaces pour tailler son film. La Caravane de feu est à l'image, possiblement un peu meilleur, du plus tardif les Voleurs de train du même réalisateur : objectifs concrets, pas de chichi, personnages relativement unilatéraux et pas de temps morts. Alors, sans que le duo Kirk Douglas / John Wayne atteigne des sommets, il se savoure paisiblement comme un constant duel de gueules. On en fait plus des comme eux, pas de doutes. L'attaque finale fonctionne bien et sans que l'on ait été bien surpris, le film a fait l'effet d'un très correct divertissement.

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Revenge of the Virgins, de Peter Perry Jr. (1959)

Sorti une dizaine d'année plus tard, ç'aurait pu être un super film ! Mais Revenge of the Virgins, malgré quelques audaces çà et là, est surtout coincé dans son époque et peu aidé par sa mollesse globale. Face à tout ce que l'on aurait pu imaginer dans la perspective d'un western érotique, le film a bien peu à offrir, quelques formes montrées ne pouvant hélas pas suffire. Sans doute à voir entre amis, comme une gentillette petite kitcherie attachante pour certains, mais foncièrement oubliable, car ennuyante, même à travers le prisme de l'histoire de la série Z et du nanar. Au moins, c'est une curiosité de plus dont on pourra toujours se vanter de l'avoir vu, en dîner mondain face à Patrick Brion.

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Nouveau départ, de Cameron Crowe (2012)


C'est hélas avec peu de doutes le film le plus faible de Cameron Crowe, auteur pour qui j'ai une grande sympathie, renouvelée avec son récent Aloha. La patte feel-good, inhérente au réalisateur et habituellement appréciée, est dans Nouveau Départ trop tartinée dans le scénario, qui manque de fond, de recherche dans les personnages malgré le beau postulat qu'il pourrait y avoir dans ce père veuf. Finalement, c'est un film pour le coup trop gentil. Matt Damon assure la présence du capital sympathie, mais sa relation avec ses enfants, notamment l'aîné, est trop peu pensée, trop dans l'irréel, trop dans la fiction pour que l'emphase dramatique fonctionne réellement, alors que la fraîcheur du personnage de Scarlett Johansson semble bien superficielle. Un divertissement regardable, mais bien inoffensif et peu émouvant.

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Le Labyrinthe de Pan, de Guillermo del Toro (2006)

Œuvre maîtresse du fantastique chez Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan est avant tout le déploiement d'un grand savoir de conteur et d'architecte du visuel. Accumulant ses références picturales (Goya) et évidemment cinématographiques (Cocteau) dans un scénario classique mais relativement solide, le film de del Toro questionne l'essentielle obsession des réalisateurs de genre de sa génération, mêlant le contexte d'un drame du réel (la guerre civile et le déracinement familial d'une jeune fille) au voyage spirituel du conte merveilleux. Ceci dit, dans le soin de maniaque que le réalisateur apporte à tout ce décorum magique, comme toujours très bien photographié, il perd parfois de vue ses enjeux plus dramatiques, que le scénario, éventuellement trop mécanique, ne laisse peut-être pas assez respirer. Quoique même s'il s'agissait simplement d'un grand exercice de style, il n'en possède pas moins de charme et conserve tout autant d'ambitieux.

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Seuls les anges ont des ailes, d'Howard Hawks (1939)

Quadruple alerte de chef-d’œuvre définitif du cinéma classique américain. L'année 1939 était décidément d'un cru inimitable, bombardée de toutes parts par de grands films d'immenses auteurs. Seuls les anges ont des ailes a pour lui l'immense simplicité de son histoire, voyant une fille de nulle part allant se perdre dans le relais des pilotes postaux. Le scénario s'applique alors remarquablement bien sur ses somptueux personnages et les détails qui viennent, tour à tour, les caractériser et forger cette relation incroyable et si précieuse d'amour inavoué. Dans l’étroitesse de cet univers des pilotes, dont la vie ne tient qu'à un fil tout aussi fin, Howard Hawks, grand cinéaste d'ambiance, capte admirablement bien la tension stressante des vols à l'issue incertaine, qui vient se coupler à l'inévitable tension sentimentale. Si le sérieux du ténébreux Cary Grant dresse un portrait d'un immense charisme, c'est surtout Jean Arthur, lumineuse, qui tient quasiment tout le film, imposant peut-être une des plus belles figures féminines d'Hollywood classique. Rien que ça.

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Le Dernier samouraï, d'Edward Zwick (2003)

Revisionnage.

Après le succès de Gladiator, Hollywood a donc eu cette curieuse et très ponctuelle mode de décliner la fresque historique à toutes les sauces. La citation du film de Ridley Scott n'est pas non plus anodine puisque c'est John Logan qui est à l'origine de l'écriture du Dernier samouraï, dont on reconnaît allègrement le ton historique très ambitieux à la tendance tragique. Derrière le film fort conventionnel et balisé que livre Edward Zwick, honnête faiseur, il y a surtout la perspective d'un scénario aux enjeux politiques passionnants, remettant en question l'interventionnisme américain, sa tendance à l'annihilation culturelle de l'autre ou diverses malversations dans sa politique étrangère. D'autant plus d'actualité lors de l'année de sortie du film. Même si ces éléments sont présents de manière parcellaire dans le métrage, le résultat demeure avant tout un gros blockbuster d'action avec Tom Cruise au ralenti au son d'un Hans Zimmer qui recyclait, déjà, ses partitions du Ridley Scott. Mais il faut aussi avouer que le show est malgré tout très correct, car si Edward Zwick ne déploie pas de génie particulier ou d'inventivité quelconque dans sa mise en scène, il s'appuie sur un solide classicisme et sur une photographie au travail notable. Ou peut-être est-ce le charisme de Tom Cruise qui inonde la pellicule...

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L’Échine du Diable, de Guillermo del Toro (2001)

Voilà pour moi sans doute le meilleur film de son auteur. Plus simple que Le Labyrinthe de Pan, le ton fantastique plus raisonnable de L’Échine du Diable fait tout son charme. Ici, justement, le drame humain est au centre de l'intrigue, le fantastique l'alimente et non l'inverse. "Qu'est-ce qu'un fantôme ? Une tragédie à se répéter encore et encore ?" s'interroge la voix-off. Toute le grand sens lyrique du film est là, d'autant plus libéré par un Guillermo del Toro moins maniériste qu'il ne le sera plus tard. La direction photographique est à cette image : sans chichis particuliers, et pourtant d'une beauté renversante, sans doute aidée par ce somptueux paysage désertique et immaculé au milieu duquel se dresse l'orphelinat. En exagérant un peu, on pourrait sûrement dire que c'est l’œuvre d'un vrai poète : bourrée de vie, mais obsédée par la mort.

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On ne vit que deux fois, de Lewis Gilbert (1967)

Revisionnage.

Redressement qualitatif pour la saga après un dernier volet en demi-teinte. Lewis Gilbert reprend les choses en main en propulsant 007 au pays du Soleil levant. Malgré son inéluctable avalanche de clichés plus ou moins grotesques, On ne vit que deux fois a une facture solide, conférant enfin au Spectre toute l'ampleur qu'il mérite dans la personnification très réussie de son leader, Blofeld. Le film est équilibré sur tous les tableaux, efficace et prenant grâce au scénario de Roald Dahl. A noter, tant qu'à faire, la très belle photographie de Freddie Young, connu notamment pour ses collaborations avec David Lean, et délivrant ici des images magnétiques du Tokyo nocturne. Bref, si l'on compile tout cela à une partition de John Barry sans surprise fantastique, à la chanson enivrante de Nancy Sinatra et à ce générique tout aussi réussi de Maurice Binder, c'est bel et bien encore une valeur sûre de l'ère Connery, lui aussi, tenant le film de bout en bout avant une première retraite.

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Au Service secret de sa Majesté, de Peter Hunt (1969)

Revisionnage.

Longtemps peu appréciée, la tentative de simili-reboot de 007 d'Eon Productions est pourtant l'un des volets les plus intéressants. Avec Au Service secret de sa Majesté, la rupture avec l'ère Connery, détonante, permet une approche déjà plus sérieuse et plus dramatique. Bien que George Lazenby tende à être une sorte de Cary Grant du pauvre (et pour cause, ce dernier, bien que trop vieux, avait un temps été envisagé pour le rôle), la certaine sobriété de son faciès et de son personnage permet malgré tout de l'émanciper vis-à-vis de son prédécesseur. Si l'on omet la désastreuse réalisation des affrontements à mains nues (trop cuttés, trop accélérés), le film enchaîne un par un les moments de bravoure, notamment dans ses illustres et désormais célèbres courses-poursuites au son, encore et toujours, du grandiose John Barry. Une fois n'est pas coutume, je vais encore m'attarder sur la musique, mais je ne peux rester impassible devant la délicate collaboration entre Barry et Louis Armstrong, susceptible de valoir à elle-seule presque tout le charme du film. Heureusement, il a encore moult qualités à proposer, dont l'excellent Telly Savalas pour reprendre le rôle de Blofeld, et une conclusion des plus tragiques qui en a sûrement désappointé plus d'un à l'époque.

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Les Diamants sont éternels, de Guy Hamilton (1971)

Revisionnage.

Marche arrière toute pour Eon Productions : Peter Hunt est évincé, George Lazenby oublié et Sean Connery reprend du service. Bien que Les Diamants sont éternels soit un épisode laborieux sur plus d'un aspect, je conserve tout de même pour lui une certaine sympathie. Le légèrement vieillissant Sean Connery fait finalement certes le minimum syndical (d'autant plus que peu de temps après, il produit le tumultueux The Offence) et éprouve, dans un dernier tour de piste, une formule très classique des aventures de 007. Rien de neuf à signaler sur les écrans radars, mais un film qui se suit sans déplaisir, kitch à souhait, sans doute déjà un peu dépassé et rétrograde vis-à-vis de son prédécesseur, mais qu'importe, cela a aussi son charme.

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Le Labyrinthe, de Wes Ball (2014)

J'ai le vilain défaut d'une certaine curiosité quant aux productions bien commerciales du canon mainstream hollywoodien. Mais après tout, il faut bien savoir ce qu'il se trame dans l'industrie. Il faut avouer que Le Labyrinthe pourrait être un film intéressant grâce à cette touche de survival. Hélas, c'est à peu près tout, car dans les faits, le métrage ne prend jamais le temps de construire quoique ce soit. C'est à l'image de l'introduction : le héros débarque dans la zone centrale du fameux dédale, est enfermé dans une pauvre cellule fermée par des branches de bois et libéré pas moins d'une douzaine de secondes plus tard. Tout va bien trop vite, à croire que ces films n'arrivent jamais à trouver l'équilibre, les autres étant souvent beaucoup trop longs. L'univers n'a en soi aucun intérêt ou presque, la faute à une direction artistique totalement inexistante alors que les possibilités sont bel et bien présentes. La réalisation, tout au mieux correcte dans les séquences les plus tranquilles, devient illisible, mal cadrée et surdécoupée dans l'action. Le film fini, forcément incomplet car il faut ensuite attirer le chaland vers les suites, on se demande même ce qu'il avait à raconter.

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